Œstrogènes, progestérone, HCG, ocytocine, prolactine… Pendant la grossesse, le corps de la femme produit de nombreuses hormones. À quoi servent-elles et quel est leur impact ?

Grossesse : un pic d’hormones essentielles

Que nous soyons enceintes ou pas, notre organisme produit constamment des hormones pour réguler son fonctionnement. Pendant la grossesse, il augmente la production de certaines hormones spécifiques qu’il sécrétait déjà durant le cycle, comme la progestérone ou les œstrogènes. Ce sont ces modifications hormonales qui vont permettre la gestation, le développement du fœtus, la préparation du corps à l’accouchement, le déclenchement du travail et l’allaitement…, mais aussi la protection contre certains risques comme un renforcement de la coagulation pour se protéger des hémorragies. Il s’agit d’un fabuleux système qui permet à la grossesse de se produire.

Maux de la grossesse : la faute aux hormones ?

En remplissant ces fonctions essentielles, les hormones peuvent toutefois favoriser certains maux, tels que les nausées, la fatigue…, voire parfois des pathologies. La grossesse induit par exemple une légère résistance à l’insuline pour que le sucre reste plus longtemps dans le sang et puisse être utilisé plus facilement par le bébé. Mais chez certaines femmes, ce système peut provoquer un diabète de grossesse.

Toutes les femmes ne sont pas aussi sensibles aux hormones : certaines y réagissent très fort alors que d’autres pas du tout. Cela dépend beaucoup de la sensibilité personnelle, du contexte de la grossesse, de la composante génétique... Les Africaines par exemple souffrent souvent de nausées alors que c’est très rare chez les Asiatiques. Les hormones ont tendance à accentuer ces prédispositions.

Dr Catherine Houba, gynécologue à la Clinique de fertilité du CHU St-Pierre

L’hormone gonadotrophine chorionique (HCG) : annonciatrice de la grossesse

L’HCG est produite en tout début de grossesse par le futur placenta, appelé trophoblaste.

Son rôle ? Maintenir l’activité du corps jaune, qui sécrète la progestérone nécessaire à l’implantation de l’œuf dans l’utérus. Détectable dans le sang et les urines, l’HCG permet de diagnostiquer la grossesse très tôt et de manière fiable.

Vers 15 semaines d’aménorrhée, la sécrétion d’HCG s’arrête car le placenta est en mesure de produire lui-même la progestérone. Les maux du 1er trimestre (fatigue, nausées) y sont vraisemblablement liés puisqu’ils disparaissent souvent en même temps.

La progestérone : indispensable à l’implantation de l’œuf

Produite chaque mois par le corps jaune, la progestérone augmente l’épaisseur de l’endomètre pour permettre l’implantation de l’œuf dans l’utérus.

Pendant la grossesse, elle est sécrétée par le placenta et a un effet relaxant sur le muscle utérin. Mais elle peut aussi réduire le tonus des autres muscles lisses de l’organisme tels que ceux de l’estomac, de l’intestin, des vaisseaux sanguins… Cela peut favoriser certains maux : brûlures d’estomac, constipation, jambes lourdes, rétention d’eau…

Les œstrogènes : les hormones de croissance

Pendant la grossesse, les œstrogènes sont produits par le corps jaune puis le placenta. Agissant comme des facteurs de croissance, ils stimulent la production de nouvelles cellules : du placenta, des seins ou encore de la peau et des cheveux, ce qui peut expliquer l’aspect rayonnant de certaines femmes enceintes.

La production de mélanine (responsable du bronzage) est aussi boostée, ce qui peut favoriser l’apparition de taches brunes sur la peau, du masque de grossesse

Les œstrogènes augmentent aussi la laxité ligamentaire, ce qui permet au bassin de s’élargir pour laisser passer le bébé. Revers de la médaille, les articulations ont tendance à bouger et les ligaments à être plus sollicités, ce qui peut favoriser l’apparition de douleurs articulaires.

L’ocytocine : l’hormone de l’accouchement

Cette hormone, qui fait un peu planer, est aussi produite en dehors de la grossesse, notamment pendant l’orgasme.

À l’approche du terme, son augmentation va déclencher le travail et stimuler les contractions de l’accouchement. Ensuite, elle joue un rôle important dans l’allaitement : chaque succion du mamelon provoque la sécrétion d’ocytocine, qui elle-même provoque la sécrétion de prolactine, essentielle à la production de lait. Elle est aussi considérée comme l’hormone de l’attachement. C’est pourquoi on dit que l’allaitement améliore le lien mère-enfant.

La prolactine : hormone de l’allaitement

Dans les jours qui suivent l’accouchement, la sécrétion de prolactine augmente, ce qui induit la montée de lait. Ensuite, c’est la sécrétion d’ocytocine (lors de la succion du mamelon) qui va stimuler la production de prolactine et donc de lait.

La prolactine a aussi pour effet de bloquer l’ovulation. Toutefois, cela ne fonctionne à 100% que les trois premiers mois, et seulement si vous donnez le sein toutes les 4 heures. Entre trois et six mois, le blocage de l’ovulation n’est plus sûr qu’à 90% notamment parce que le bébé commence à dormir plus longtemps et que les tétées s’espacent de plus en plus. Reprenez donc une contraception adaptée si nécessaire.

Article réalisé sous la direction du Dr Catherine Houba, gynécologue à la Clinique de fertilité du CHU Saint-Pierre.
Date de publication : 13-02-2020