En Belgique, il est possible de congeler ses ovocytes pour des raisons médicales ou personnelles. Comment procéder, combien ça coûte et jusqu’à quel âge est-ce possible?

Pourquoi congeler ses ovocytes?

De plus en plus de femmes de plus de trente ans envisagent la congélation de leurs ovocytes parce qu’elles n’ont pas de projet d’enfant dans l’immédiat: elles n’ont pas encore trouvé le bon partenaire ou ne sont pas prêtes (ou leur conjoint) à passer le cap.

Objectif: prévenir le vieillissement de leurs ovocytes. En effet, la quantité et la qualité des ovocytes diminuent progressivement à partir de 30 ans et plus fortement à partir de 35 ans. Elles s’offrent ainsi l’assurance de pouvoir se faire un don d’ovocytes à elles-mêmes si leur réserve n’est plus suffisante lorsqu’elles se lanceront dans un projet de grossesse!

D’autres femmes, parfois bien plus jeunes, envisagent cette démarche pour raison médicale parce qu’elles vont subir un traitement (par exemple contre le cancer) qui risque d’endommager leur réserve ovarienne et les rendre stériles.

Jusqu’à quel âge?

L’âge idéal pour la congélation de ses ovocytes est avant 36 ans. Jusqu’à cet âge, les chances de grossesse avec un ovocyte congelé sont de 5 à 7%. C’est pourquoi les médecins recommandent de prélever 20 ovocytes, qui sont généralement obtenus en deux cycles de stimulation hormonale.

Entre 36 et 40 ans, cela devient de plus en plus compliqué car la femme produit de moins en moins d’ovocytes à chaque cycle et les chances de grossesse avec un ovocyte plus vieux diminuent.

À 40 ans, les chances de grossesse avec un ovocyte congelé chutent à 1% en moyenne. Il faudrait donc prélever beaucoup plus d’ovocytes pour s’assurer une grossesse, alors qu’on en produit moins. La plupart des centres refusent donc de congeler les ovocytes des femmes de plus de 40 ans car cela coûterait très cher, pour peu de résultats.

Il est important de planifier son projet de famille et de se renseigner sur sa fertilité, notamment en faisant tester sa réserve ovarienne. L’âge moyen de la première grossesse en Belgique tourne autour de 30 ans, mais de nombreuses femmes commencent plus tard! Or, à 41 ans, la moitié des femmes ne sont plus fertiles! La procréation médicalement assistée ne règle pas tout. Lorsque les ovocytes ne sont plus assez nombreux ou d’assez bonne qualité, il faut recourir à un don d’ovocyte!

Dr Catherine Houba, gynécologue à la Clinique de fertilité du CHU Saint-Pierre et co-créatrice de la consultation «Fertil-Plan».

À qui m’adresser?

La première étape est de prendre rendez-vous dans un centre de procréation médicalement assistée (PMA). Vous participerez d’abord à une consultation d’information et rencontrerez peut-être un psychologue, pour vous aider à réfléchir à votre démarche. L’équipe vous expliquera notamment les risques éventuels liés à cette procédure.

Vous passerez ensuite un bilan médical, avec une échographie et une prise de sang, pour vérifier votre état de santé et celui de votre réserve ovarienne.

Stimulation, ponction et congélation

Si vous êtes décidée à congeler vos ovocytes et que les conditions le permettent, vous commencerez un premier cycle de stimulation des ovaires, comme pour une fécondation in vitro (FIV). Une fois les ovocytes prélevés, le laboratoire les congèle, avec la technique de vitrification: un type de congélation ultra-rapide qui permet de ne pas modifier la structure des ovocytes, afin qu’ils restent intacts lors de la décongélation.

Grâce à la stimulation hormonale, les femmes (de moins de 36 ans) produisent environ 10 ovocytes par cycle (au lieu de 1 naturellement). C’est pourquoi il faut réaliser un deuxième cycle afin d’en récolter 10 supplémentaires. Ce deuxième cycle peut être réalisé au minimum un mois plus tard.

Et après ?

Le centre de PMA se charge de la conservation de vos ovocytes, qui est limitée par la loi à dix ans mais peut être prolongée annuellement. Par contre, les ovocytes ne peuvent plus être fécondés après 45 ans.

Le jour où vous décidez de vous lancer dans un projet de grossesse, il est recommandé – si vous êtes en couple - de ne pas utiliser les ovocytes congelés en premier recours. L’idéal est d’essayer de tomber enceinte naturellement pendant au moins six mois.

En cas d’échec, un bilan de fertilité est réalisé. Si la cause s’avère une production insuffisante d’ovocytes de bonne qualité, vos ovocytes sont alors décongelés et une FIV est réalisée avec le sperme de votre conjoint. L’embryon produit «in vitro» sera ensuite réimplanté dans votre utérus.

Quel coût?

Depuis peu, la procédure de congélation des ovocytes sur indication oncologique est complètement prise en charge par l’INAMI.

Dans les autres cas, la démarche reste assez chère car elle n’est pas remboursée. Il faut compter environ 3.500 euros pour les traitements hormonaux et les frais de laboratoire de 2 cycles. À cela s’ajoutent les échographies, les prises de sang et les procédures de prélèvement.
Toutefois, la FIV est remboursée en Belgique. Si vous faites féconder les ovocytes plus tard dans un cycle de PMA, vous pourrez donc bénéficier du remboursement a posteriori.

Article réalisé sous la direction du Dr Catherine Houba, gynécologue à la Clinique de fertilité du CHU Saint-Pierre et co-créatrice de la consultation «Fertil-Plan».
Date de publication : 03-12-2017